Simandoa conserfariam : la blatte survivante d’un monde détruit

La survie ne tient qu’ à un fil

Après avoir détruit son habitat, l’homme a un devoir envers cette espèce de blatte de collection, au nom du maintient de la biodiversité qu’il contribue à réduire.

Une espèce unique, un seul habitat au monde : une grotte en Afrique (Guinée). Un écosystème souterrain, humide, empli de guano de chauves-souris.
Et voilà qu’arrive l’homme, pour exploiter la terre et son gisement de bauxite et de fer. La grotte doit disparaître, au profit de l’exploitation minière.

L’animal victime ?

Une blatte.

Mais pas un cafard de cuisine.

Une espèce magnifique, très graphique et dynamique.

Une blatte graphique

Son corps sombre est traversé de bandes jaunes distinctives.

Les mâles et femelles sont similaires, bien que les mâles soient parfois plus fins.
Les jeunes, eux, n’ont pas encore d’ailes. Leurs rayures apparaissent peu à peu.

Elle est très rapide au sol, grimpe avec agilité, préfère la fuite terrestre à l’évasion aérienne.

Une adaptation souterraine récente ?

Contrairement à la plupart des espèces cavernicoles, Simandoa conserfariam conserve des yeux fonctionnels et des ailes développées. Là où l’évolution mène souvent à l’aveuglement et à la perte de mobilité, elle reste mobile, réactive, et sensible à la lumière.

Son nom ? Un aveu qui dit tout

Simandoa conserfariam est une survivante. Tout est décrit dans son nom

  • Simandoa : en hommage à la grotte du Mont Simandou, où elle a été découverte dans une grotte.
  • Conserfariam : contraction latine de conservare (préserver) et fariam (je ferai). Une promesse : “je préserverai”.

Car l’homme, avant de détruire son habitat pour son profit personnel, a prélevé quelques spécimens pour qu’ils puissent survivre en captivité. Depuis, elle n’a jamais été revue dans la nature.
On considère qu’elle est éteinte à l’état sauvage.

Une riche vie sociale dans l’ombre

Simandoa est grégaire.
Elle vit en groupe, et se contente de petits espaces, qu’elle partage sans agressivité — contrairement à certaines espèces territoriales comme Gromphadorhina portentosa.

Chez moi, elle évolue dans un substrat forestier humide, entre écorces et recoins sombres. Elle escalade, se faufile, se cache.

Elle est ultra rapide, réactive au moindre stimulus, impossible à tenir en main, elle se débat et cherche à fuir et, à la moindre ouverture du bac elle essaie de sortir.

Une croissance lente, une naissance précieuse

La reproduction est lente, les naissances rares. Chaque bébé est une victoire contre l’oubli, dans un élevage ou chez un particulier. Les bébés qui viennent de muer sont presque blancs.


Pas de ponte massive, pas de prolifération. Juste quelques individus qui grandissent, discrètement, dans l’humidité (ceux qui viennent de muer sont blanchâtres)
Leur développement lent est un rappel : la vie prend son temps, surtout quand elle renaît d’un effacement.

Survivante mais pas fantôme

Simandoa n’est pas une relique du passé.
Elle est bien vivante, réactive, présente — mais dépendante de l’homme.

Elle incarne un double paradoxe :

  1. Elle ne doit sa survie qu’à celui qui a détruit son habitat.
  2. Sa captivité est sa garantie.

Habituellement la captivité d’un animal est synonyme de privation de son milieu naturel.
Ici, c’est l’inverse.

L’humain (qui a détruit son monde) est aussi celui qui a sauvé l’espèce, garantissant sa survie, lui offrant attention et admiration.

Conclusion

Simandoa conserfariam est une espèce qui ne tient plus qu’à un fil… un fil tendu entre deux mondes : celui qu’elle a perdu, et celui que l’humain lui recrée.

Elle n’est ni invasive, ni bruyante, ni visible. Elle est silencieuse, discrète, fragile, rare.

Et pourtant, elle incarne une force : celle de la la vie qui persiste dans un nouveau milieu même si elle en est captive.

Sa présence dans mon élevage est un rappel quotidien :

👉 Que chaque être vivant a une histoire, un rythme vivant

👉 Que la beauté peut se cacher dans l’ombre.

👉 Et que la préserver, c’est accepter la responsabilité du maintien de la biodiversité.

Ce que cette blatte m’a appris

Simandoa vit doucement, à son rythme.
Elle m’a appris la patience, la rigueur, la vigilance, et l’art des petites astuces pour un nourrissage tranquille.

Sécuriser les bacs est essentiel : couvercles hermétiques, parois lisses, vaseline sur les 5 cm supérieurs, vigilance constante.
Mon astuce : disposer des écorces autour du bac lors du nourrissage. Elle cherchera l’abri le plus proche — sur la table plutôt qu’au sol sous les meubles.

Mon engagement

À mon échelle, j’accepte la responsabilité du maintien de la biodiversité.
Et je partage cette histoire pour qu’elle ne soit pas oubliée.